C’est évident, la méchanceté n’est pas une nouveauté et n’est pas non plus la dernière attitude à la mode. Elle doit exister depuis peut-être la nuit des temps, mais en ces périodes de troubles socio-économiques, elle sort de son terrier, se niche partout jusque dans les moindres méandres de ce "formidable" outil d’expression qu’est internet.
Leur anonymat bien protégé derrière l’écran d’ordinateur, certains internautes n’hésitent plus à se défouler via les réseaux sociaux ou les commentaires de certains articles. Et souvent même si cela n’a plus aucun rapport direct avec le sujet premier…
« Elle ressemble à la vache Mika ! » « Ceux qui la trouvent belle sont vraiment des hypocrites », ce sont quelques-unes des phrases qui accompagnaient un article présentant une beauté particulière, la mannequin Chantelle Brown Young, atteinte du vitiligo. Une maladie qui entraine une dépigmentation de la peau à certains endroits du corps. Une véritable lapidation publique pour certains et un vrai déferlement de méchanceté pure et gratuite.
Ne nous affolons pas non plus en nous disant que la cause humaine est perdue, puisqu’au milieu de tout ce déchainement subsiste encore une majorité de commentaires bienveillants.
Mettre des gens au pilori pour les humilier publiquement était une pratique courante il y a quelques siècles, l’acte n’aurait donc pas totalement disparu. Il se serait juste modernisé. Et aurait quitté le monde physique pour rejoindre le virtuel.
Un artiste a d’ailleurs voulu prouver l’influence de groupe sur nos décisions et s’est prêté à une expérience aussi curieuse que dérangeante. Il s’est placé dans plusieurs centres-villes, droit et immobile, une table sur laquelle étaient disposées des centaines d’œufs, à quelques mètres devant lui. Les passants vont mettre quelque temps avant de comprendre le but de la manœuvre. Jusqu’à ce que certains, poussés par leurs amis, osent franchir le pas et de bombarder d’œufs le malheureux. Au bout de plusieurs minutes, un attroupement se forme, et plusieurs personnes hilares tentent de viser l’artiste, qui reste impassible. Et nous voilà de retour, à quelques siècles en arrière, où les humiliations publiques étaient monnaie courante. Seules, certaines jeunes filles se rendent compte que le jeu tourne mal et décide d’intervenir en retirant les derniers œufs de la table, avant qu’ils ne servent de projectile…
Sommes-nous donc profondément sadiques ? Chacun de nous peut participer à un « défoulement » public, apporter son grain de sel à un déchaînement de passion, participer à une humiliation sans même en avoir conscience.
La méchanceté ferait donc partie de la nature humaine. Elle l’a toujours été et le sera probablement toujours, dictée par la bêtise, la peur et l’ignorance…