La suspicion devient le mot d'ordre dans notre société. Il faut dire que des affaires récentes, qu'elles soient politiques, économiques ou sanitaires, ont contribué à renforcer ce sentiment de défiance.
Et les derniers jours ne sont pas pour alléger ce climat de méfiance généralisée.
Entre le déraillement ferroviaire de Bretigny-sur-Orge où les spécialistes de la question crient haut et fort que quatre boulons n'ont pas pu se dévisser en même temps, l'acte de malveillance a fini par s'imposer dans les esprits. Plus de place au doute. Inutile d'attendre les résultats de l'enquête, l'affaire est entendue. Et malheur à ceux qui diront le contraire !
Il en est de même des agressions qui se seraient produites après le déraillement. Cela parait évident pour beaucoup que l'on veut nous cacher des choses... Des enquêtes sont en cours mais déjà on entend crier au complot, et que l'on veut étouffer l'affaire.
En matière politique, l'affaire Cahuzac prend aussi une nouvelle tournure. La commission parlementaire a fini par jeter la doute sur le fameux niveau de connaissance des membres du gouvernement sur le mensonge de l'ex-ministre du Budget. Se pourrait-il que nous citoyens, soyons les derniers avertis et qu'en définitive, ce mensonge n'ait été qu'un secret de polichinelle ?
Oui, la suspicion est bien là et elle se développe dans tous les domaines. Dès qu'un événement se produit, le pire est envisagé et chacun y va de sa théorie. L'affaire de Bretigny-sur-Orge et l'opposition se fait un plaisir de dénoncer le laxisme et la presse friande du moindre scandale ou couac est tout aussi ravie de relayer la moindre petite phrase choc. Tout le monde y trouve son compte : l'opposition a besoin de se manifester entre deux élections et les médias de susciter l'intérêt par du sensationnel.
Mais toute cette défiance qui enfle n'est pas bonne pour la démocratie. Les tensions se font plus fortes dans la société et le vivre ensemble commence sérieusement à avoir du plomb dans l'aile. Le sénateur-maire, François Rebsamen regrettait, il y a quelques semaines, que l'on ne puisse plus parler de l'immigration comme une chance pour la France. Et il a raison : combien sont ceux à le penser aujourd'hui ? Emettre une telle idée et vous vous faites lyncher !
Relativiser serait la solution. Mais aujourd'hui, relativiser sonne comme un renoncement ou un aveuglement....