Ce qui vient de se produire ces derniers jours à Chypre, à savoir, le projet de taxation des dépôts bancaires et la fermeture des établissements bancaires, peut avoir des conséquences insoupçonnées…
L’idée même de taxer les dépôts bancaires est de nature au mieux à soulever maintes questions et au pire à générer les angoisses les plus démentes. Il faut dire qu’ils y ont mis le paquet, que ce soit l’Eurogroup ou les dirigeants chypriotes ! Taxer petits et gros épargnants, initialement en-dessous de 100 000 euros avec un barème progressif, a fait l’effet d’une bombe parmi la population chypriote. Mais également au-delà…
Alors, on a beau dire que Chypre est une économie à part, "une lessiveuse à argent sale ", rien n’y fait ; chaque épargnant européen se sent visé par cette mesure brutale. Malgré tous les propos rassurants des experts : « non, ce scénario est impossible en France », la machine à doutes est lancée dans une course qui peut devenir folle… Il sera très difficile d’effacer cette maladresse - un défaut de communication ? – et à chaque coup de semonce, le risque est lui bien réel de voir se produire ce que l’on ne cesse de lancer ces jours-ci : le bank run ! Que pourra-t-on contre ces mouvements de panique, ces réactions incontrôlées de populations qui ont peur ?
Sur le fond, il se trouve des économistes qui trouvent cette mesure intéressante pour éviter un plan d’austérité à l’image du plan grec… Peut-être une piste à exploiter ? Mais c’est occulter un peu vite l’aspect psychologique du procédé que beaucoup qualifient de racket… Et en la matière, le psychologique a un rôle déterminant…
La crise chypriote relance l’idée qu’un État pourrait sortir de la zone euro. Cette fois, l’éventualité serait envisagée plus sérieusement en cas d’échec des négociations. A force d’agiter le chiffon rouge, l’exclusion d’un État membre va finir par devenir une alternative. Pour les États concernés qui supportent de plus en plus mal les mesures de rigueur et aussi pour les États qui ne veulent plus éponger les dettes de pays jugés laxistes. Et avec les conséquences qui vont avec ; une prise en compte de cet élément par les marchés financiers qui ne manqueront pas de remonter les taux des pays en position délicate, histoire de les précipiter un peu plus vite au fond du gouffre… Quels pays seront épargnés par ce grand nettoyage ?
La souveraineté de l’Union européenne peut s’en trouver affecter à long terme. Car les États en difficulté se tournent vers l’extérieur pour trouver des solutions de renflouement de leurs caisses vides. Pour Chypre, le sauveur pourrait être la Russie qui a des intérêts incontestés et qui lorgne depuis longtemps sur les ressources gazières. Pour la Grèce, ce fut la Chine avec des investissements massifs. Et là, la pression financière va changer de main. Pour le meilleur ou pour le pire ?
L’Union européenne est formée de tous les États européens, pas un pouvoir inconnu et maléfique qui planerait au-dessus des Nations. Ce sont donc eux qui ont notre destin entre leurs mains. Alors mieux vaut éviter les mesures irréfléchies et inconséquentes.
La confiance est ici primordiale ; la défiance en l’Union européenne qui monte ici et là, est ce qui peut arriver de pire…