Comment faire confiance aux chiffres dont on nous abreuve dans les médias qui, sans être faux, ne reflètent
pas complètement la réalité ?
Pour illustrer le propos, prenons 3 exemples et pas des moindres :
Les chiffres du chômage pour le mois de mars 2013 dont tous les titres des journaux ont signalé le record historique : 3 224 600 de demandeurs d’emploi. Et d’ajouter, 29 100 de plus qu'en janvier 1997 ! Évidemment, les chiffres parlent d’eux-mêmes... sauf que : quelle était la population active en 1997 ? Dans les années 1990, la population active était de plus de 25 millions et aujourd’hui, elle est de plus de 28 millions... Aussi, le chiffre est moins important que la proportion du chômage, soit 10,2% aujourd’hui contre 10,8% en 1997.
En matière de retraite, on constate aussi une disparité. Dans les années 70, on est passé de 3 actifs pour 1 retraité à 2,1 actifs pour 1 retraité en 2010. Et on nous annonce, histoire de nous filer le bourdon, qu’en 2020, ce ne sera plus que 1,5 actif pour un retraité. D’où notre grande émotion ! Sauf que là aussi, l’environnement s’est modifié et il faudrait plus parler de productivité. Que fait-on de la robotisation et autr
es méthodes qui ont amélioré la productivité. Ce qu’il fallait hier, en nombre de salariés, dans l’industrie ou dans l’agriculture, n’a plus rien à voir avec aujourd’hui.
La mortalité sur les routes est également un cas de figure similaire. En 1972, 18 034 décès étaient recensés alors qu’en 2012, il n’y en avait que 3645. Mais cette baisse de la mortalité est encore plus importante si l’on considère le nombre de véhicules circulant sur les routes de France entre ces deux dates, nombre qui a explosé. En réalité, entre 1972 et 2012, ce sont 320 000 vies qui ont été épargnées.
Alors pourquoi cette différence d’appréciation ?
Peut-on parler de simple commodité ? On indique des chiffres et la comparaison est tout de suite claire. Tant pis pour la proportion... Et puis, c’est plus percutant dans une analyse, à défaut d’être cohérent.
Et surtout n’est-ce pas par souci de porter un message que l’on préfère dramatiser ?
Les victimes de la route seront toujours trop nombreuses, peu importe que le trafic soit passé du simple au double, voire au triple ou au quadruple ! Inutile de se contenter d’un bilan plus positif car un mort sur la route sera toujours un mort de trop !
Et c’est le même constat pour le chômage. Pas de quoi se réjouir que, comparativement à une autre époque, le chômage ne soit pas aussi important. Pour chaque personne au chômage, il y a une situation difficile, voire dramatique.
Et pour la retraite, même si la productivité n’est plus la même, et que les données ne sont pas conformes à la stricte réalité, il n’en demeure pas moins vrai que les régimes de retraite accusent d’énormes déficits et que ceux-ci s’accroissent d’année en année.
Toutefois, il est intéressant de remettre les choses en perspective, cela permet aussi de relativiser.
Alors que la situation n’est pas des plus brillantes dans de nombreux domaines, à quoi bon en rajouter ? Un peu d’objectivité ne peut pas nuire...