En réponse aux multiples incertitudes (économiques, juridiques, fiscales...) la société dans son ensemble est en train de se paralyser.
Les réformes (retraites, chômage, santé...) qui sont attendues mais qui tardent à venir, comme si l’on traînait des pieds pour les faire, sont redoutées par une grande majorité des Français. Personne n’en connait vraiment l’ampleur et c’est peut-être justement cette ignorance qui fait craindre le pire. Cette inquiétude n’est pas infondée puisque, vu l’état des comptes publics, ces réformes ne pourront pas être douces. Ainsi, les actifs s’inquiètent de savoir quand ils pourront se retirer du monde professionnel, les retraités s’angoissent de voir leurs pensions baisser par l’effet d’une désindexation, les chômeurs et ceux qui peuvent le devenir craignent le durcissement des conditions d’accès aux allocations, de leur maintien...
De grandes incertitudes fiscales demeurent, malgré la promesse de stabilité. On voit qu’à la première occasion - le déficit de la branche famille - l’impôt reste l’outil préféré. Comme l’a souligné le Président de la République évoquant la réduction du quotient familial : "plus juste, plus simple et plus efficace". Oui, on n’en doute pas mais ce recours à l’impôt a de quoi stresser tous les ménages qui veulent équilibrer leur budget. Aussi, telle la fourmi qui se prépare à l’hiver fiscal, on fait des économies et du coup, pour la relance de la consommation, c’est perdu d’avance...
Pour les acteurs économiques, on est un peu dans le même cas de figure, mais en pire ! Oui, quand on ne sait pas où les prélèvements vont tomber, telle une pluie d’obus, on se garde d’investir ou de recruter... Et si l’on ajoute à cela, une insécurité juridique, comme celle que ressentent actuellement les auto-entrepreneurs, c’est le pompon ! Ce statut qui concerne un million de personnes, qui fonctionne apparemment plutôt bien, même si des corrections sont nécessaires, le moment est-il vraiment choisi pour le réformer ? Ceux qui sont en place risquent de paniquer et de tout arrêter, alors que d’autres qui sont au chômage peuvent abandonner leurs démarches, faute de visibilité.
Évidemment, il est plus facile de donner des leçons derrière un écran que d’avoir en main les manettes de l’État ! Et du reste, de nombreux commentateurs politiques et économiques y vont de leur plume pour tacler le Gouvernement. Et c’est un concours à la couverture la plus cruelle : "L’hypnotiseur", "Hollande, secoue-toi, il y a le feu !", "Pépère est-il à la hauteur ?", "Qu’est-ce qui coince ?"... La liste est longue et tout le monde croit avoir les remèdes, ceux qui nous sortiront de la crise par le haut, comme ils disent !
Alors les réponses à apporter, quelles qu’elles soient, devraient être claires et rapides. Pire que le mal lui-même, c’est l’idée du mal qui est nocive. Même si le traitement est douloureux, mieux vaut le savoir et le plus vite possible. Là, l’attente est insupportable, personne ne sait ce qui va sortir du chapeau et du coup, on s’imagine les scénarios les plus graves.
Et la société se bloque...