Capture d'écran BFMTV
Le Président de la République a reconnu lors de sa visite en Turquie, le mardi 28 janvier 2014, n’avoir pas réussi à faire diminuer le chômage en 2013.
Oui, un tel aveu est assez rare pour être souligné et il doit l’être ! Du reste, on a vu le gouvernement tenter de transformer, par tout un tas de stratagèmes linguistiques, un échec en victoire ou semi-victoire…
Et cela ne relance-t-il pas le débat sur l’impuissance publique ?
Cela voudrait-il dire que l’Etat ne peut pas tout ? Pis, ne pourrait-il plus rien ?
Car malgré la volonté affichée d’une équipe gouvernementale en ordre de bataille, des mesures (CICE, contrats jeunes…) qui constituaient la fameuse boite à outils, la courbe du chômage ne s’est pas inversée. Pari raté, France désespérée !
Rappelons-nous la déclaration de M. Lionel Jospin en 2001 à propos des licenciements chez Michelin « l’Etat ne peut pas tout » et ce que cela lui avait valu en termes d’impopularité. Son image en avait été gravement altérée.
De manière générale, il est difficile d’entendre que l’Etat est impuissant à régler les problèmes. Du reste, les politiques savent bien rassurer les citoyens en affichant leur volonté, réelle ou supposée, en prenant des mesures, en demandant des sacrifices…
Parce que derrière cette question de l’impuissance, n’y-a-t-il pas la question de la compétence des politiques qui est aussi soulevée ? Sont-ils à la hauteur des enjeux ?
Car la question se pose autant en matière économique que dans d’autres domaines de la société, comme la délinquance. Les politiques se succèdent et pourtant, les chiffres sont toujours aussi calamiteux. On en arriverait à penser que les autorités ne peuvent rien contre cette vague de cambriolages qui s’est abattue sur notre pays, que les règlements de compte qui sévissent à Marseille seraient une fatalité ? Sur cette question de la délinquance, M. Lionel Jospin avait reconnu sa naïveté lors de l’élection présidentielle de 2002, et il n’avait pas figuré au 2ème tour de ladite élection !
Oui, cela peut coûter cher à un politique de reconnaître qu’il n’a pas réussi ! On ne sait pas encore ce que cet aveu va entraîner en matière de cote de popularité bien que de ce côté, le Président n’ait plus grand-chose à perdre, sauf à jouer les spéléologues ! Et puis, il lui reste quelques années pour réussir. Seule une victoire sur le chômage, même tardive, fera oublier ce pari… Sinon le pari raté sera un boulet à traîner…
Cette impuissance publique qui s’affiche souvent, trop souvent, n’est pas bonne pour notre démocratie. Elle renforce les extrêmes, parce que tout aura été essayé et que rien ne marche.
Parce que si les citoyens peuvent concéder que l’Etat ne peut pas tout, qu’en matière économique, il y a un environnement mondial, un climat de confiance qui s’installe ou pas… ceux-ci doivent continuer à penser légitimement que l’Etat peut beaucoup, qu’il y a un pilote dans l’avion…