A l’heure où l’on parle de compétitivité des entreprises, la performance devient de plus en plus dans nos sociétés modernes la seule valeur de référence. Dans cette mondialisation sans repère ni limite, les femmes et les hommes doivent se battre pour être les meilleurs et plus difficile encore, pour le rester.
Et cela commence dès les études ! Il faut intégrer la bonne formation, la meilleure classe préparatoire, décrocher l’école de prestige, obtenir le diplôme le plus prestigieux. Ensuite, c’est un combat autant pour décrocher un emploi que pour le conserver.
Et tant pis pour ceux qui restent sur le bord de la route ! Pas de pitié pour ceux qui n’ont pas ou n’ont plus les compétences, les talents ou tout simplement la rage de vaincre. Et les rangs grossissent de tous ceux qui se sentent exclus du système…
C’est ainsi que les résultats d’une enquête « Génération quoi » réalisée par France Télévisions sont saisissants et effrayants à la fois. Les 210 000 jeunes de 18-34 ans interrogés sont plus dans la désillusion et dans la révolte que dans la joie de vivre et l’insouciance. Oui, nous sommes consternés par tant de désespérance. Mais quelles perspectives offre notre société à tous ces jeunes ? Des difficultés de plus en plus grandes pour rentrer sur le marché du travail, des emplois précaires quand ce ne sont pas des stages qui n’en finissent pas… Vraiment pas de quoi avoir le moral et une confiance dans un avenir rose… http://generation-quoi.france2.fr/
Les jeunes ne sont pas les seuls à souffrir de cette course à la performance. Ceux qui perdent leur emploi et qui peinent à rebondir se retrouvent vite dans la spirale du chômage longue durée. Pour peu qu’ils atteignent la cinquantaine, et là, c’est l’entrée dans la cour des parias du marché de l’emploi ! Et ne parlons pas de tous ceux qui n’ont pas de formation et qui ne verront peut-être jamais de leur vie ce qu’est un travail. Si certains se satisfont de la situation, combien désespèrent, déploient en vain des efforts pour se sortir de la misère ? Beaucoup trop sont dans la galère…
Mais la performance fait aussi des malheureux parmi ceux qui sont dans le circuit, qui réussissent. Parce que l’on trouve toujours plus performants que soi, la place est convoitée et la compétition fait rage. Alors, oui, on peut dire qu’un peu d’émulation, cela ne fait pas de mal, c’est motivant. Mais quand on risque son poste, que l’on doit en permanence se remettre en question pour rester dans le coup, la dépression est parfois, là, tel un passager clandestin.
Combien d’entreprises qui ferment parce qu’elles ont raté le coche du toujours plus de compétitivité, combien de salariés au bout du rouleau, touchés par le burn-out, combien de suicides ?
Oui beaucoup de sacrifiés dans ce monde qui change et qui doit s’adapter en permanence. Jusqu’où ira-t-on dans cette spirale infernale du toujours plus ?
Avec des pays émergents qui ont soif de modernité, qui réclament eux aussi leur part du gâteau, comment trouver un juste milieu ?
Pourtant il faudra répondre à ces sacrifiés qui ne voient plus d’avenir dans ce monde de performance et qui oscillent entre résignation et révolte…