Une enquête du magazine Le Point vient une nouvelle fois mettre de la suspicion dans le monde politique et les commentaires sur ce que d’aucuns nomment déjà « l’affaire Copé » vont bon train. Sans entrer dans les détails, il s’agirait d’une surfacturation au bénéfice d’une société de communication dont les dirigeants seraient proches de l’homme politique. Ce dernier va porter plainte pour diffamation contre le magazine…
Mais cette affaire qui se dénouera probablement devant les tribunaux ne manquera pas de jeter le trouble sur des électeurs qui pensent à 55% que la plupart des hommes politiques sont corrompus. (Sondage CSA pour BFM TV avril 2013)
Du reste, la France n’a pas un classement de premier de la classe en matière de corruption puisqu’elle se situe au 22ème rang mondial selon le dernier rapport annuel de l'ONG Transparency International.
Il y a eu l’affaire Cahuzac et bien d’autres pour donner ce sentiment largement partagé que la triche est répandue dans la politique et du reste, le spectacle désolant donné par l’UMP lors des élections internes pour désigner le chef du parti n’a pas été de nature à casser cette image. Avant, il y a eu le fameux Congrès de Reims du Parti socialiste qui n’avait rien à envier sur le sujet de la fraude…
La triche est partout dans notre société que ce soit en politique, dans les affaires, dans le système social… C’est ainsi, et comme le rappelait hier le secrétaire général de Force Ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, sur le plateau de l’émission C dans l’Air, en parlant des fraudes aux allocations chômage : « dans tout système, il y a des fraudes, il n’y a pas de système idéal…».
La triche n’a pas de visage ou plutôt des milliers et des milliers de visages, et des estimations floues. Le travail au noir pourrait coûter de 13 à 14 milliards en cotisations sociales non perçues. La fraude fiscale coûterait 60 à 80 milliards d’euros à l’Etat, le préjudice serait estimé à 58 millions d’euros en ce qui concerne la fraude aux allocations chômage… Quant à la fraude aux allocations maladie, près de 150 millions d’euros ont été repérés en 2012… La corruption, quant à elle, coûterait à l’Europe 120 milliards d’euros…
Bref, les chiffres sont impressionnants et effrayants à la fois. Mais ils ont un grand défaut, ils ne sont pas certains ! Toutes ces estimations ont certes fait l’objet d’études sérieuses, mais le doute est là, qui taraude les uns et les autres. Parce que ces chiffres sont peut-être plus importants qu’on veut bien nous le dire et peut-être aussi moins importants que l’on pourrait le penser ! Parce qu’en la matière, il est donné libre court à tous les fantasmes, du reste, souvent alimentés par certains femmes ou hommes politiques à des fins électoralistes…
C’est vrai que la triche pénalise ceux qui ne trichent pas et qui du coup, sont privés de prestations qui pourraient être plus importantes… A rappeler aussi que certains ne demandent rien, alors qu’ils pourraient prétendre à des aides…
Et puis, dans la triche, il y a plusieurs camps qui s’affrontent ; de la complaisance pour les uns, de la rigueur pour les autres. Les patrons qui fraudent sont perçus par certains comme les victimes d’un système étatique qui rackette ! Et ces mêmes patrons qui trichent seront lynchés par d’autres au nom d’une solidarité nationale pleine et entière. Les arnaques aux caisses d’allocations bénéficient parfois de l’indulgence de ceux qui pensent que la misère excuse tout, alors que pour d’autres, cela rajoute à l’assistanat dénoncé par ailleurs… Oui, à chacun ses tricheurs…
Mais pour qu’une société fonctionne le mieux possible, la triche doit être traquée partout, de haut en bas, de bas en haut. C’est un devoir autant envers ceux qui jouent le jeu de manière loyale qu’envers ceux qui ont besoin de protection et qui ne doivent pas être confondus avec quelques fraudeurs qui prospèrent ici ou là…