Oui, s’il y a une chose où les Français pourraient se retrouver dans cette période trouble, n’est-ce pas le sentiment d’être tous des mal-aimés ?
Les derniers en date, les seniors, ont l’impression d’être les dindons de la future réforme de la retraite. Et de lancer une pétition, le Manifeste des cochons, pour dénoncer les injustices à venir : http://blog.seniorenforme.com/les-retraites-sont-les-cochons-de-la-reforme/
Mais ils ne sont pas les seuls à avoir ce sentiment de " rejet" et il ne se passe pas un mois sans que de nouveaux mal-aimés ne viennent grossir les rangs et exprimer leur colère ou leur désarroi.
Les riches ont eu leur quart d’heure de gloire et ce ne sont pas les saisies d’argent liquide par les douanes qui explosent ces derniers mois qui vont améliorer leur image de marque. Ne parlons pas de l’exil fiscal qui revient sans arrêt dans les commentaires ; il n’y a qu’un pas à franchir pour qu’ils soient traités de traitres à la patrie !
Les jeunes ont également l’impression de ne pas avoir leur place dans notre pays ; ils peinent à entrer sur le marché de l’emploi et déjà, ils savent que la retraite, ce n’est pas pour demain, sans compter la dette abyssale à rembourser dont on leur rebat les oreilles. Alors certains partent vers d’autres horizons...
Les fonctionnaires n’ont pas non plus la cote ; entre réduction des effectifs et alignement des régimes de retraite, ils n’imaginaient pas être une aussi grosse charge pour la société et surtout, faire partie des grands privilégiés eu égard à leur régime de retraite.
Ne parlons pas des politiques qui ont certes œuvré en partie à la « perte » d’estime mais ils se trouvent au fond du gouffre de la popularité ! Ils ont droit à l’étiquette du tous pourris et peu échappent à la curée générale.
Même ceux qui bénéficiaient avant d’un capital de sympathie ne sont plus à l’abri du rejet. On a vu les acteurs accusés d’être trop payés, le cinéma français trop subventionné et le régime des intermittents du spectacle trop généreux. Les sportifs ne sont guère mieux lotis entre leurs rémunérations jugées indécentes et les soupçons de dopage à tous les étages !
Bref, difficile d’échapper au désamour dans notre société où tout est prétexte à chercher des têtes de turc. Il ne fait pas bon d’être au chômage, les chômeurs jugés comme trop bien traités, d’être au RSA dont on vous fait vite passer pour un paresseux, le fameux « cancer de l’assistanat », les classes moyennes qui pensent être les vaches à lait du système, les pigeons, les poussins...
Et la liste est tellement longue que finalement, on peut presque tous s’y retrouver. Comme le refrain de la chanson de Pierre Perret « On est toujours le con de quelqu’un » ne sommes-nous pas devenus le mal-aimé de quelqu’un ?