On n’y coupera pas ; la réforme des retraites aura bien
lieu ! Même si les Français sont rétifs à l’idée même de travailler plus longtemps, les solutions alternatives semblent faire défaut et il y a le feu dans le sanctuaire des régimes. Malgré une première réforme, le système est à bout de souffle, le financement des retraites est assuré jusqu’en
2017, et encore ! Le bateau prend l’eau de toutes parts, des mesures doivent être prises pour renflouer les caisses.
Augmenter les cotisations ne suffira pas et trouver d’autres sources de financement, il ne peut en être question dans l’immédiat, tant le niveau des prélèvements en tout genre a atteint la cote d’alerte. Et baisser les retraites sera le recours ultime, le plus envisageable étant la désindexation des pensions qui reviendra au même, sans le sentiment d’un retrait brutal, très difficile à accepter.
Alors, travailler plus longtemps est inévitable. On vit plus longtemps, c’est aussi un progrès, même si la contrepartie sera un allongement de la durée des cotisations.
Tout sera dans la négociation et chacun espère passer à travers les gouttes. Car reviendront sur le tapis, les fameux régimes spéciaux. Dire à ceux-là mêmes qu’ils sont des privilégiés alors qu’ils ne pensent pas l’être, cela ne va-t-il pas conduire à un dialogue de sourds ?
Et reculer le départ à la retraite jusqu’à quel âge ? A entendre certains experts, un régime n’est viable que si la personne bénéficie de 10 années de retraite. A l’heure actuelle, bon nombre de retraités bénéficient d’une retraite d’une durée égale à la période d’activité, et pour certains, voire plus. Alors comment rééquilibrer ? Travailler jusqu’à 70 ans et plus, réclamerait une santé de fer, une vivacité d’esprit et un dynamisme démoniaques !
Et la plus belle des contradictions réside dans le fait que les séniors sont souvent sur la touche. Quand on sait que dans le travail, l’âge fatidique est de 50 ans, on en tomberait à la renverse. Car à partir de la cinquantaine, âge « jugé canonique », plus le droit à l’erreur ; certaines entreprises poussent vers la sortie leurs séniors. Et si par malheur, vous avez perdu votre emploi, pas de pitié, vous aurez toutes les peines du monde pour vous reclasser. Alors prolonger la durée de travail dans un pays qui en 2011, n’employait que 41,5 % des personnes âgées de 55 à 64 ans, le pari n’est pas gagné. On verra plus de chômeurs de longue durée, et de précarité.
Alors, il faudra être inventif pour que la réforme qui se prépare ne soit pas une pilule trop amère. On parle déjà de retraites par points, mais il ne faut pas se leurrer. Il faudra travailler plus pour sauver les meubles ! A moins d’avoir une fortune personnelle ou d’avoir commencé à travailler très jeune, au berceau pourquoi pas, partir tôt équivaudra à avoir une retraite de misère…
L’idée germe aussi de mixer le régime par répartition et le régime par capitalisation. Ce qui se fait déjà mais de façon volontaire et à condition d’avoir des revenus corrects. Pourquoi pas ? Mais il faudra des garanties pour que les marchés financiers ne jouent pas à la loterie avec les fonds placés, comme cela s’est produit aux États-Unis avec le scandale d’ENRON.
Et une bonne dose de justice dans la réforme sera le vrai défi. Comme le fait d’avoir commencé à travailler jeune (ce qui malheureusement sera rare avec le chômage des jeunes !) et surtout la notion de pénibilité au travail. Il y a des professions qui usent prématurément ses salariés et il serait juste que ceux-ci aient un régime adapté. Beaucoup de secteurs sont concernés ; le bâtiment, l’industrie…. Là, est le plus gros de la négociation et chacun voudra faire valoir ses arguments. Le combat promet d’être âpre…
Mais pour certains, travailler longtemps n’est pas un problème et même, la retraite serait l’antichambre de la mort !
On voit bien dans certaines professions, des personnes s’accrocher à leur poste et ne pas vouloir le lâcher. Le monde des affaires compte des dirigeants qui ne quitteraient pas leur poste pour rien au monde. Ils sont à siéger dans les conseils d’administration et évoquer la succession, il n’en est pas question…
Des métiers ou des activités qui relèvent de la passion comptent aussi beaucoup de séniors. Il y a des exemples dans le journalisme, dans le milieu de la recherche, des avocats… Et ne parlons pas des artistes qui pour certains espèrent mourir sur scène !
Et la palme revient aux politiques qui ne veulent céder le pouvoir qu’à l’état de grabataire. Mieux, à 50 ans, vous êtes considérés presque comme un gamin ! Cela ferait presque rêver…
Cette réforme des retraites, eu égard aux sacrifices qui seront exigés, est déjà ressentie comme un recul des acquis sociaux. Mais, dans le même temps, on ne peut pas demander à la jeune génération plus qu’elle ne pourra donner.
Alors, le changement, c’est maintenant ?