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L’expulsion de Leonarda Dibrani et de sa famille est en passe de devenir une affaire d’État ! Comment en sommes-nous arrivés là ?
Aussi douloureuse que soit l’expulsion d’une adolescente et de sa famille, on assiste tout de même effarés au développement de cette affaire !
Oui, parce que le dossier mobilise nos dirigeants, de manière surréaliste. Il faut quand même rappeler que le Ministre de l’Intérieur a été obligé d’écourter sa visite aux Antilles pour se jeter sur le dossier de la jeune Leonarda. Que le Président de la République vient d’intervenir de manière solennelle pour tenter d’apaiser la situation, comme si la troisième guerre mondiale allait être déclenchée.
La classe politique commence à réagir contre le geste du Président de permettre à Leonarda de revenir, seule, étudier en France ; les uns de dire que ce n’est pas suffisant et les autres, pour déclarer que c’est de trop ! Pendant ce temps, des lycéens continuent à jouer les trouble-fêtes dans les rues de Paris !
Et au Kosovo, la famille Dibrani qui ne peut qu’être déçue, se met à dénigrer le Président de la République. Les journalistes, tout à leur bonheur de faire le buzz, ne se rendent même plus compte qu’ils sont en train d’offrir aux Français un spectacle désolant qui ne peut que desservir cette malheureuse famille. Car pour ces gens, personne pour les aider dans leur communication ! Ils dérapent dans leurs propos, renforçant le sentiment de ceux qui ne voulaient pas qu’ils rentrent... La décence voudrait que les caméras s’éteignent et que les micros se taisent, respectant leur douleur et leur désillusion ...
Et la suite ?
Soit, l’affaire va doucement se dégonfler ; les lycéens vont retourner à leurs vacances qui débutent aujourd’hui. Les hommes politiques vont, chacun dans leur camp, faire entendre leur petite musique. Quelques propos sur les plateaux de TV ou dans les journaux, pour soutenir la politique du Gouvernement ou pour la vilipender dans un jeu de « un petit tour et puis s’en vont »... Et Leonarda et sa famille construiront une nouvelle vie au Kosovo ou comme le père l’a indiqué tenteront de regagner la France dans l’illégalité...
Ou l’affaire va prendre de l’ampleur ; des manifestations de jeunes de plus en plus importantes et violentes, accompagnés de politiques, pour exiger le retour de Leonarda et de sa famille. Une fronde au sein de l’Assemblée Nationale pour que l’arrêté d’expulsion soit annulé, la loi revue et corrigée dans un sens plus favorable... Une opposition qui peut se radicaliser voyant là le moyen de revenir sur le devant de la scène (46% des Français pensent que la Président du Front National, Marine Le Pen est la meilleure opposante – sondage CSA pour BFMTV)
Et les Français dans tout cela ? Difficile de savoir ce que laissera comme traces cette affaire. D’un côté, l’application de la loi a été respectée (74% des Français soutiennent le Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls et 65% des Français sont opposés à l’annulation de l’arrêté d’expulsion selon un sondage BVA) et que reprocher sur le geste d’humanité du Président de la République ? Peut-être sa propension à ménager la chèvre et le chou, à chercher à ménager les uns et les autres. Souvent, cela conduit à mécontenter tout le monde et met en lumière une difficulté à trancher...
Comme cette image de l’effet papillon, - petites causes, grosses conséquences-, l’affaire Leonarda aura-t-elle des suites insoupçonnées ?