Et si toutes les affaires du moment – enregistrements Buisson, écoutes Nicolas Sarkozy, affaire Copé/Bygmalion…- arrangeaient la classe politique dans son ensemble ?
Certes, les principaux intéressés ne seront certainement pas de cet avis, pris dans la tourmente médiatique pour certains et judiciaire pour d’autres ! Surtout que les conséquences peuvent être désastreuses tant à titre individuel qu’à titre collectif, despartis éclaboussés par des scandales et une suspicion généralisée d’élites corrompues. Rien de bien terrible pour la démocratie dont personne ne peut se réjouir…
Mais parler de ces affaires aussi désastreuses soient-elles pour l’image de la politique, c’est ne pas parler du fond, des choses vraiment sérieuses pour le pays ! Comme tous ceux qui se relaient dans les médias pour commenter ces faits, rien que ceux-ci, prenant un air désolé et lançant : « je ne crois pas que cela intéresse beaucoup les Français » mais se gardant bien d’évoquer tout autre sujet ! Et les journalistes eux-mêmes, les yeux rivés sur l’audimat, qui tiennent là du lourd, de l’explosif, n’éprouvent pas non plus le besoin de s’aventurer sur d’autres terrains…
Et si la satisfaction ou du moins le soulagement créé par cette diversion qui dure depuis des semaines, venait de « cette pauvreté de la pensée politique » ?
Cette phrase a été lâchée par la députée EELV Barbara Pompili sur le plateau du magazine Mots Croisés de France2 qui avait pour thème « écoutes, mensonges et politique…), ce lundi 17 mars 2014 : « on ne parle plus d’autre chose (les affaires)… la pollution, le chômage, les élections municipales qui arrivent sont des sujets qui mériteraient de beaux débats, des débats sur le fond. Là tout est complètement recouvert par ça (les affaires) ce qui prouve que quelque part cela peut arranger certains de ne pas parler sur le fond parce que l’on voit qu’il y a une pauvreté de la pensée politique qui est inquiétante…. ». Tout est dit !!!
Personne n’a contredit cette femme politique et pour cause ! Il y eut même un silence quasi religieux qui a fait suite à son intervention, on aurait pu entendre une mouche voler. Et pourtant, il y avait autour de la table une représentation de grands courants politiques : le député PS Jean-Christophe Cambadélis, le député UMP Eric Ciotti, la députée européenne du MODEM Marielle de Sarnez.
Oui, il y a pénurie des idées politiques. Alors que la période est difficile, là où il faudrait avoir une imagination fertile pour sortir le pays de la crise, c’est le néant de la pensée politique. Il y a silence radio, la grande majorité des politiques sont aux abonnés absents…
On sait qu’en ce moment, se tiennent des conseils stratégiques de la dépense publique pour trouver 50 milliards d’économies d’euros d’ici à 2017. Au lieu de ces rendez-vous en catimini où rien ne transpire, pourquoi n’est-il pas lancé un grand chantier où tous les courants politiques seraient mis à contribution ?
Pensez-donc, cela arrange bon nombre de politiques de ne pas avoir à s’investir dans une telle action. En revanche, il sera nettement plus confortable de rejeter en bloc ce qui ressortira de ces conseils ! Après tout, on ne leur demande rien, ils pourront hurler, désapprouver... Mais pour les contrepropositions, sans faire de procès d’intention, on risque d’attendre longtemps…
Il manque des talents, une sclérose de la matière grise s’est installée, et la paresse intellectuelle est le mot d’ordre. Après, les mêmes qui n’ont pas grand-chose à proposer ont beau jeu de rejeter les idées qui viennent des partis extrêmes !
Pour redresser la France, tout ne pourra pas se résumer à un pacte de responsabilité, aussi indispensable soit-il ! Il va falloir faire plus, bien plus… et dans tous les domaines que ce soit éducation, réformes de l’Etat, sécurité sociale, transition énergétique…
Que chaque parti politique se mette à la tâche, le temps presse et les affaires qui sortent et qui font pour le moment diversion, ne masqueront pas longtemps les énormes défis qui attendent la France !