Oui, nous sommes entrés dans l’ère du « tout dire » peu importe les conséquences, peu importe si les paroles ou les écrits sont susceptibles de tomber sous le coup de la loi...
L’important c’est d’exister, de faire entendre sa voix et nous y allons tous de bon cœur ! Les supports ne manquent pas et les réseaux sociaux sont un excellent vecteur de tous nos ressentis.
Hélas, le danger est de se laisser entraîner dans cette spirale de la parole ou de l’écrit sans réflexion préalable et trop souvent, pour le pire...
Combien sommes-nous à tweeter plus vite que notre ombre ? A poster des commentaires dans la presse sous le coup de la colère ou d’une émotion ? A envoyer sur le net de fausses rumeurs ou des articles diffamatoires, racistes, antisémites, homophobes (...) ?
Car l’anonymat donne aussi des ailes à ceux qui ont envie de choquer, de diffamer ou de provoquer...
Mais la parole libérée ne touche pas que les citoyens ordinaires qui ont besoin d’exutoire en ces temps difficiles où il faut reconnaître que la France ne va pas bien, qu’elle se cherche un avenir dont elle pressent qu’il pourrait être sombre... Mais tout cela ne doit pas servir d’excuse. Car personne n’est à l’abri d’une condamnation ou à l’inverse, être la victime d’une cabale électronique ! Telles ces candidates d’un concours de beauté « Miss Bolbec » qui ont été copieusement injuriées par des internautes.
Oui, la liberté de ton touche aussi les élites et les personnalités du spectacle, les sportifs....
Évidemment, on vient d’assister à cette hystérie médiatique sur les propos de la Ministre du logement, Cécile Duflot, à l’encontre du Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Au-delà, de la solidarité gouvernementale qui doit s’appliquer, on est aussi dans ce que l’on appelle l’obligation de réserve. Comment peut-on jeter ainsi des paroles qualifiées d’insupportables par l’intéressé lui-même, sans se poser la question des conséquences ?
Et les exemples sont si nombreux que l’on pourrait écrire un livre de tous ces dérapages....
Si l’on peut reconnaître que c’est une bonne chose que la parole soit libre, on est dans un pays démocratique où chacun peut apporter dans un débat son opinion, montrer son désaccord. Parfois, il y a des témoignages émouvants sur la toile et des articles qui font avancer les idées et tout cela, dans la modération et la correction....
Mais il est vraiment regrettable que certains abusent de cette liberté pour régler des comptes ou pour tout simplement prendre un plaisir presque sadique à être odieux...
Du reste, à prendre des libertés qu’ils n’avaient pas, les Ministres sont priés dorénavant de solliciter l’autorisation de Matignon avant toute intervention dans la presse !
Et pour nous, citoyens ordinaires, prenons garde, car il y a une police du net qui traque les exaltés et tous ceux qui poussent le bouchon trop loin. Parfois, les choses se compliquent comme sur Twitter où il n’est pas facile d’obtenir les adresses IP. Mais les choses avancent et il arrivera un moment où l’anonymat ne sera plus qu’un lointain souvenir...
Alors, mieux vaut conserver cette liberté de parole et savoir nous limiter. Est-ce trop demander ?