Ah Dimanche et ses balades en forêt, ses interminables repas de famille, son grand ménage automnal et son blues au soir venu ! Ce fameux septième jour pourrait être en voie de disparition. Pour certains, il l’est même déjà. Mais depuis quelques jours et « l’affaire des magasins de bricolage », deux clans s’affrontent ; ceux qui veulent abattre ce géant culturel et ceux qui veulent à tout prix le garder en vie.
Le débat endormi depuis quelques années, est brusquement sorti du sommeil, jeudi, avec la décision du tribunal de commerce de Bobigny, ordonnant à Castorama et Leroy Merlin (deux enseignes spécialisées dans le bricolage) de fermer certains de leurs magasins franciliens. Un jugement que les deux groupes ont apparemment décidé d’ignorer et dont ils comptent bien faire appel. Un comble quand on sait que les salariés eux-mêmes défendent ce qu’ils considèrent comme un droit et une liberté, manifestations à l’appui.
Et la loi dans tout ça ? Elle est claire. Les salariés doivent avoir au moins un jour de congé par semaine et le code du travail précise : « Dans l’intérêt des salariés, le repos hebdomadaire est donné le Dimanche. » Mais bien sûr, le législateur a prévu tout un tas d’exceptions permettant ainsi à votre cinéma, votre boulanger, votre resto préféré ou votre marchand de tabac (entre autres) de vous accueillir en ce dernier jour de week-end. De même que certaines zones du territoire, pour des raisons principalement touristiques, font partie des dérogations.
La question se pose donc de savoir s’il est juste, ou non, d’empêcher des salariés volontaires (la loi les oblige à l’être) de travailler le Dimanche ? De nombreux politiques se sont déjà positionnés en faveur d’une modification de la loi incriminée. Mais pour d’autres, le Dimanche « c’est sacré » ! Il est vrai que c’est un jour où l’on peut profiter de sa famille (puisque personne n’est censé travailler ce jour là…), se retrouver, se poser. Bref, un jour religieux et culturel, entré dans les mœurs que beaucoup craignent de voir sauter. Et pour une raison purement économique, certains petits commerces de proximité craignent de voir les grandes enseignent ouvrir les Dimanches et leur voler leur clientèle.
Mais qu’on le veuille ou non, le monde change. Et la France est assez en retard en matière de travail dominical. Quand on sait par exemple qu’aucun commerce londonien (à seulement 2h30 en train de notre capitale) ne chôme le week-end. Paris fait figure de ville morte à côté de sa pimpante voisine. On pourrait se dire que c’est ce qui fait son charme, mais en période de crise et de chômage, peut-on encore se permettre de jouer les fines bouches ? Sachant que travail dominical signifie augmentation de salaire pour les employés et création de nouveaux emplois…
Mais les économistes ne s’accordent pas sur la question. Et en 2008, une étude publiée par le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) montrait une efficacité toute relative à l’ouverture dominicale, indiquant que le pouvoir d’achat, lui, n’augmentait pas. (Selon Laurent Jeanneau dans un article d’Alternatives Economiques de janvier 2009.) Le temps que tout le monde se mette d’accord, le Dimanche, de son côté, peut souffler. Menacé, depuis des années, il a, à ce jour, toujours trouvé des irréductibles pour ne pas le laisser tomber.