La France vient d’engager des troupes dans une guerre au Nord du Mali avec l’appui de la
communauté internationale et une certaine union nationale que l’on peut qualifier d’union sacrée. Toutefois, quelques voix discordantes se font entendre ici
ou là et celles-ci se feront plus fortes au fil du développement de l’intervention française.
Aussi, pour répondre à toutes ces interrogations qui peuvent être légitimes, on peut se poser la question suivante : quels intérêts notre Président a-t-il de se lancer dans un tel conflit ?
Il faut reconnaitre que le Chef de l’État a plus de coups à prendre dans cette guerre que de lauriers à recevoir !
Car un conflit armé n’est jamais sans danger et les obstacles vont se dresser les uns derrière les autres. Le prix du sang ne va pas manquer d’être versé, combien de militaires vont y laisser la vie ? Si les soldats connaissent la portée de leur engagement jusqu’à la mort, leurs familles n’ont pas forcément la même abnégation. Et la France n’aime pas perdre ses militaires au combat, même si cela fait partie intégrante de la guerre.
Il y aura ce qu’on appelle les dommages collatéraux ; malgré tout le sérieux et le professionnalisme de troupes aguerries, des victimes civiles seront à dénombrer car nul n’est parfait. Et plus les « bavures » seront nombreuses, plus ceux qui nous ont appelés au secours se retourneront contre leurs libérateurs ; pas facile de faire une guerre proprement, ne touchant que les ennemis… lesquels se dissimulent parmi la population innocente.
Le risque d’attentats sur le sol français ou à l’étranger contre des intérêts français est accru. Même si la France a déjà connu des épisodes terroristes sanglants, il n’empêche que le traumatisme engendré est immense et la population n’est pas préparée à revivre cette peur de la bombe qui peut exploser n’importe où, n’importe quand…
Et le risque d’enlisement existe. Il ne peut pas être écarté, malgré le large déploiement des forces armées françaises et bientôt, africaines. Difficile de contrôler une zone aussi vaste, désertique, où les terroristes sont comme des poissons dans l’eau, où les frontières sont comme les sables, mouvantes !
Les dépenses militaires vont s’envoler et le prix de cette guerre risque de peser lourd sur un budget déjà étriqué. Comment vont réagir les marchés financiers quand ils verront la dette publique se creuser un peu plus ? Quand on connait le prix de l’heure d’un avion rafale (plus de 15 000 euros l’heure) et celui d’un missile (100 000 euros pièce), c’est à donner le vertige…
Et pour finir, ne parlons pas des procès en sorcellerie auxquels le Président ne va pas échapper. Malgré toutes les précautions qu’il a prises pour ne pas que la France apparaisse seule dans la bataille, il aura droit au procès pour néocolonialisme et toute la batterie des reproches d’intérêts cachés d’ordre économique, luttes d’influence et autre désir de compter sur la scène internationale.
En revanche, et là réside l’essentiel, que se serait-il passé si la France n’était pas intervenue au Mali ?
Nul besoin de lire dans une boule de cristal pour connaître le sort des habitants de Bamako avec l’arrivée de hordes de terroristes. Les témoignages ont été suffisamment explicites sur ce qui s’est passé à Tombouctou ; les monuments historiques saccagés, des femmes lapidées, des voleurs amputés... Et la seule pensée qu’un État terroriste puisse s’installer dans cette région de l’Afrique, presque aux portes de l’Europe, donne froid dans le dos…
Aussi, saluons le courage d’un Homme d’État qui a su prendre ses responsabilités pour préserver l’intégrité d’un État ami en grand danger et peut-être, la sauvegarde même de notre civilisation.
Quoi qu’il arrive, il aura tenté de changer le cours des choses…