Mesdames, Mesdemoiselles, saviez-vous, qu’avant le 31 janvier, dès que vous choisissiez un pantalon dans votre garde-robe, vous étiez considérées comme hors-la-loi ? Une ordonnance, datant de 1800, interdisait, en effet, aux Parisiennes « de se travestir en homme » sauf pour des raisons médicales et à moins d’en avoir demandé l’autorisation à la Préfecture de police. Cette aberration, pour la Française que nous sommes, n’avait en réalité plus aucun effet. Personne n’aurait pu vous arrêter et vous mettre en prison pour le simple fait que vous portiez un pantalon. Le principe de l’égalité des sexes, inscrit dans la Constitution, avait vidé ce texte de toute sa substance, il y a déjà plusieurs décennies. Mais tout de même, le symbole était là. A une époque où, malgré les nombreuses avancées, les disparités sont encore présentes et les associations comme « Ni putes, ni soumises » ont encore de nombreux combats à mener.
Au 19ème siècle, sur fond de Révolution, les femmes commençaient à revendiquer la même place que leurs compagnons. L’interdiction du travestissement fut le moyen d’empêcher « le sexe faible » d’accéder aux mêmes corps de métiers que les hommes et devenir ainsi leur égal. Bien sûr, certaines, comme la célèbre George Sand, ont fait fi de ce principe et n’ont pas hésité à entrer dans le monde masculin revêtues d’un pantalon, d’une redingote et de bottes.
Dire qu’il faudra attendre l’un des évènements les plus tragiques de notre histoire contemporaine pour que notre statut change enfin. Les hommes partis au front, en 14-18, laissèrent vacantes leurs places dans les champs et les usines, remplacés alors par leur moitié.
Le plus ironique dans tout cela, c’est que maintenant que la femme a obtenu officiellement le droit de se couvrir les jambes, elle tente désespérément de pouvoir les découvrir sans supporter des insultes ou des remarques sexistes. Une guerre que tentent de remporter les féministes qui ont même créé une journée de la jupe. Et puis, que dire de la lutte pour que les salaires féminins soient enfin au même niveau que ceux de leurs collègues ? Et la parité au sein même de nos institutions ? Décidemment, la bataille des sexes est loin d’être gagnée….