Abdelhakim Dekhar a été arrêté après trois jours de chasse à l’homme dans la région parisienne et c’est le soulagement qui domine aujourd’hui.
Mais tout ce qui a eu lieu pendant ces heures de folie médiatique, le bon comme le mauvais, se reproduiront à la moindre occasion, au moindre fait divers... Pourtant, beaucoup sont à dénoncer avec raison l’emballement médiatique, comme le très bon article de Guy Birenbaum sur le Huffington Post d’hier (http://www.huffingtonpost.fr/2013/08/21/guy-birenbaum-bashe_n_4314892.html) Malheureusement, c’est peine perdue, un coup d’épée dans l’eau...
Les médias ne pourront jamais résister à se saisir d’un tel événement. Un homme qui surgit de nulle part et tire dans tous les sens, blessant grièvement au passage un assistant photographe à Libération, est un miracle médiatique ! Et plus particulièrement pour les chaînes d’information en continu qui, en temps ordinaire, n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent, pas de quoi mettre le feu à l’audimat. Et là, tout d’un coup, un Abdelhakim Dekhar secoue la France entière et c’est une bénédiction ! S’ensuivent les interviews de tous les experts en psychologie criminelle, les policiers, les politiques alors que l’on ne sait rien ou presque rien. Quelques images dans les locaux de BFM et l’on échafaude toutes les théories, pas forcément bonnes et pas non plus fausses.
Pour les experts, dans ce déluge d’opinions diverses et variées, il y aura toujours du vrai qui aura été mis sur la table et dont ensuite, on saura tirer un certain profit : « Ah vous avez vu, mon analyse était juste ! » Peut-être un coup de bol ? Mais ce n’est pas grave, celle ou celui qui aura eu la meilleure interprétation verra sa cote médiatique relever d’un coup et à la prochaine occasion, il ou elle reviendra sur les plateaux de TV pour une autre analyse. Après s’il met à côté de la plaque, ce sera la mise à l’écart, c’est l’impitoyable sanction de l’univers médiatique.
Pour les politiques, on dit qu’ils pourraient être plus sur la réserve. Mais entre le besoin de se faire un petit coup de publicité, publicité bienvenue dans cette période de disette de popularité, mieux vaut ne pas être en retrait. Et puis, les médias eux-mêmes sont insistants et ne rien dire risquerait de passer pour de l’incompétence ou de l’indifférence... Alors, ils recommenceront... D’ailleurs, ont-ils vraiment le choix ?
La psychose engendrée par cette chasse à l’homme est inévitable et elle aussi, recommencera dans les mêmes circonstances. Difficile d’échapper à l’homme visible dans tous les médias et dont, de surcroit, il nous faut aider à l’identification. Évidemment, ce n’est pas simple car il peut y avoir des mouvements de panique. Imaginons un homme ressemblant vaguement à l’image dont on ne peut pas dire qu’elle était d’une grande netteté, aurait toujours pu créer de la peur avec des conséquences graves (une panique dans les rues, dans le métro ou à l’inverse, un lynchage). Mais cela est un risque à prendre car en retour, ces systèmes de vidéo ont encore montré leur efficacité ainsi que l’appel aux citoyens. Donc, cela aussi recommencera...
Là-dessus, le rôle des réseaux sociaux sera toujours le même. Les informations défilent comme l’éclair, chacun y allant de son analyse et la retweetant presqu’à l’infini avec des risques d’erreur, de dérapages... Parce que les 140 mots, ceux qui créeront le buzz, est là tout l’essentiel...
A présent, toutes les polémiques et autres théories du complot vont faire partie du jeu médiatique ! Cela va de pair avec tout le reste, et de ce que l’on entend souvent « On ne nous dit pas tout ! ».
Alors, Oui, c’est ainsi : tout ce que nous venons de vivre avec cette affaire, recommencera tant que nous y participerons de manière active ou passive....
A nous de prendre de la distance, d’être concernés bien évidemment par ces événements sans pour autant sombrer dans le grand n’importe quoi.